Vodka russe - comment choisir sans se tromper ?

Les catégories officielles de vodka russe

La production de vodka commence par celle de l’éthanol. L’État russe a élaboré des normes (GOST ou standards d'État) régissant la production de cet alcool. Il distingue cinq catégories d’alcool dans l’industrie alimentaire.

La différence réside dans la matière première utilisée et la pureté de l’alcool final. Les matières premières permettant de produire de l’éthanol pur peuvent être des céréales, des pommes de terre, ou même des résidus de la production de sucre. Elles peuvent être mélangées dans différentes proportions, d’où les règles officielles de classification.

Les catégories d’alcool sont les suivantes : purification supérieure, Basis, Extra, Luxe, Alpha.

Catégorie 1. L’alcool « purification supérieure ». Contrairement à son nom, c’est celui de qualité la plus basse. Pour sa production sont utilisées des matières premières bon marché, comme les pommes de terre et les betteraves à sucre.

Catégories 2-4. Viennent ensuite les spiritueux des catégories « Basis », « Extra » et « Luxe ». Pour leur fabrication sont utilisées de plus en plus de matières premières de qualité, c’est-à-dire de céréales. Inversement, il y a de moins en moins d’amidon de pomme de terre. Dans l’alcool de catégorie « luxe », sa proportion est inférieure à 35%.

Catégorie 5. L’alcool de la plus haute qualité (le 5ème) est appelé « Alpha ». Il est fabriqué uniquement à partir de céréales (blé, seigle, etc.). A notre avis c'est bien le paramètre à vérifier sur l'étiquette de la vodka que vous choisissez. 

Les autres paramètres des GOST sont plus subtils, par exemple le volume d’éthanol. Il varie entre 96,0 et 96,3%. D’autres paramètres, comme la « concentration en aldéhyde » ou la « concentration en alcools de fusel » sont également au cœur de la catégorisation des alcools. Mais sur ces points, il y a peu de différence entre les catégories d’alcool.

C’est tout ce que dit la classification d’État.

Les catégories commerciales de vodka russe

Vous pouvez aussi souvent rencontrer en magasin une classification différente des vodkas, non officielle, purement commerciale.

La voici. L’un des principaux indicateurs de cette classification est l’alcool utilisé :

• Vodka Econome. Elle est composée d’un alcool de « purification supérieure » et est présentée dans un emballage peu coûteux. C’est la vodka la moins chère (3-4 euros la bouteille).
• Vodka Standart. Elle est faite d’alcool éthylique de catégorie « Extra ». Son coût est plus proche des 6-8 euros.
• Vodka Premium. Elle est fabriquée à partir des catégories d’alcool Luxe et Alpha et embouteillée dans un contenant au design travaillé. Les fabricants soulignent aussi la présence de différents arômes et une haute purification de l’eau. Le coût de la bouteille est supérieur à 10-11 euros.
• Vodka Super-premium. Cette catégorie repose sur d’autres arguments, parfois surprenants. Par exemple, « technologie de fabrication unique ». Utilisation d’une eau de source reconnue. « Nettoyage de l’eau grâce à des éléments en argent ». Ajout d’un arôme. Ici, tout repose sur l’imagination du fabricant. La bouteille peut coûter 20 à 30 euros.
• Vodka Ultra-premium. Elle se positionne comme un produit d’exception. Elle est fabriquée à partir de matières premières de la meilleure qualité ; le design de son emballage est unique ; son étiquette et sa bouteille sont travaillées pour offrir des sensations tactiles agréables, etc. Cela fait un beau paquet cadeau. Cela ne veut pas dire que vous ne trouverez pas des « ultra-premium » sur un marché pour 10 euros : toutes les catégories ci-dessus sont purement artificielles. Il est amusant de lire parfois sur Internet que la catégorie ultra-premium est strictement contrôlée par l’État en termes notamment de qualité de production. Ce n’est pas vrai, les règles techniques de production sont les mêmes que pour les autres vodkas. Le contrôle de l’État est réglementé par les GOST, identiques pour tous les producteurs. Qu’ils se positionnent comme « premium », « super-premium » ou « ultra-premium », la qualité de la production reste entièrement entre leurs mains. Reste pour le consommateur à faire confiance à une marque ou une autre.

Les expressions les plus fréquentes utilisées par les producteurs de vodka sont « goût doux », « nettoyage en profondeur », « recette du XVIIIe siècle » (même si l’alcool éthylique industriel qu’ils utilisent n’est apparu qu’à la fin du XIXe siècle… c’est intentionnellement trompeur).

Communication de marques de vodka populaires

En quoi diffèrent les vodkas industrielles, quels arguments sont avancés pour convaincre l’acheteur ?

D’après les fabricants, deux principaux aspects influencent la qualité des vodkas industrielles.

Matière première

Le premier est la matière première utilisée pour produire de l’alcool éthylique rectifié. L’idée générale est que les matières premières les meilleures (par exemple, « blé sélectionné et seigle », comme ils écrivent sur la bouteille) permettent de produire un meilleur alcool, et donc une meilleure vodka. L’argument est discutable, parce qu’au cours de la production d’alcool rectifié l’huile de fusel est enlevée. Disparaît aussi le goût de la matière première (grain, ou pommes de terre, ou betterave à sucre). La plupart des autres qualités de la matière première ne peuvent pas être ressenties. À cet égard, il est très difficile de distinguer par le goût et l’odeur entre les différents alcools rectifiés. Seule une analyse chimique le permet. Restent des différences indéniables entre les matières premières.

Qualité de l'eau

Le deuxième aspect est la qualité de l’eau qui a été mélangée avec cet alcool. Les producteurs de vodka aiment écrire combien il est important que l’eau soit préparée d’une « manière spéciale » : issue d’une source, ou peut-être des glaciers des montagnes (« eau de fonte des montagnes caucasiennes ») et ainsi de suite. On peut lire aussi que l’eau est « purifiée par des réactifs en argent » ou en d’autres matières, et vous ne savez pas exactement comment cet argent agit sur l’eau. Peut-être s’agit-il de faire passer l’eau dans un filtre classique contenant des éléments d’argent. De son côté, le fabricant indique ce métal sur l’étiquette comme s’il avait effectué une procédure particulièrement coûteuse. Il s’agit de marketing pur, puisque quelle que soit l’origine de l’eau, la norme d’État (GOST) oblige tous les fabricants à purifier l’eau de manière industrielle.

Quelques marques bien connues de vodka russe industrielle

Voici un bref aperçu de certaines des marques de vodka les plus connues que vous pouvez acheter en Russie. Un certain nombre d’entre elles sont aussi commercialisées dans votre pays d’origine voire dans le monde entier.

Parmi les marques les plus célèbres sont sans doute :

	Vodka Russkij Standart (Russian standart). Cette vodka existe depuis 2006. Elle appartient au segment premium et est très populaire. Parmi les arguments marketing du fabricant: des matières premières de haute qualité pour produire l’éthanol rectifié (blé) et une purification de l’eau « spéciale » (il n’est pas précisé en quoi elle est « spéciale »). Vous connaissez notre opinion sur ces arguments. Le coût de cette vodka varie de 5 à 10 euros selon le type.
	Vodka Beluga. C’est presque la marque la plus célèbre de vodka russe à l’étranger. C’est de la vodka chère (à partir de 12 euros), le design de sa bouteille est expressif et le marketing efficace. Sur la bouteille figurent des phrases comme « goût doux », « qualité brute », « saveur de fleurs ». Il s’agit d’une marque de vodka super-premium, ce qui influe sur sa qualité et son prix. Ce dernier va de 12 euros aux « éditions spéciales » à 150 euros la bouteille ou plus. En moyenne, la vodka Beluga coûte 20 euros.
	Vodka Smirnoff (ou Smirnov, s'écrit en russe comme "Смирновъ") est une marque célèbre, dont les racines remontent au « roi de la vodka » russe du XIXème siècle, Piotr Smirnov. Cet ancien paysan a réussi à devenir un très gros producteur, accédant même au statut de fournisseur de la cour impériale. L’entreprise a été transmise à ses fils, mais le business a été interrompu par la révolution de 1917 et la nationalisation par les bolcheviks. Vladimir, le fils de Piotr Smirnov, a émigré et commencé à produire de la vodka à l’étranger sous la marque Smirnoff, aujourd’hui mondialement connue. Il s’est lancé en Turquie, puis en Pologne, puis près de Paris : de la vodka Smirnoff a été produite à Courbevoie. Avant sa mort en 1933, il a vendu les droits de la marque Smirnoff à un partenaire américain. Cela fait donc longtemps que ce n’est plus une marque russe, mais anglaise (compagnie Diageo).
	Vodka Stolichnaya est l’une des plus anciennes marques de vodka. La recette et la marque ont été créées en URSS en 1938. Aux États-Unis, PepsiCo en est devenu distributeur. Après la chute de l’URSS, de nombreux procès ont été nécessaires pour décider qui aurait le droit d’utiliser la marque « Stolichnaya ». Elle a finalement été reconnue comme appartenant à l’Etat russe. Cependant, en juin 2020, les actifs de Stolichnaya ont été saisis pour indemniser les ex-actionnaires de la compagnie pétrolière Ioukos, et il est possible que la Russie perde le droit d’utiliser cette marque. C’est de la vodka bon marché, une bouteille de 0,5 litre coûte en moyenne 4-5 euros.
	Vodka Absolut est une marque célèbre qui n’est pas russe elle non plus, mais suédoise. Son histoire est très ancienne, elle remonte à 1879. Sa recette est similaire à celle des autres vodkas : le même éthanol rectifié et de l’eau. Le prix moyen d’une bouteille d’Absolut est d’environ 20 euros. La bouteille est belle, et la gamme comprend des vodkas aux arômes divers (citron, etc.).
	Vodka Tsarskaya est une marque russe qui existe depuis 2003 (elle a été lancée pour le 300e anniversaire de Saint-Pétersbourg). Son emballage met l’accent sur une symbolique russe et représente le tsar Pierre 1er. La bouteille a une forme reconnaissable. Cette vodka n’appartient pas à la catégorie des premiums, elle est peu connue à l’étranger mais très populaire en Russie, et vous la croiserez beaucoup ici. Elle est souvent achetée comme souvenir. Son coût moyen est de 8-9 euros par bouteille.

Comment éviter les contrefaçons lors de l’achat de vodka en Russie?

En Russie, il y a des problèmes de contrefaçon d’alcool. Voici quelques conseils pour que vous n’achetiez pas de vodka contrefaite.

1. Préférez  les magasins dignes de confiance : les supermarchés d’alcool (Aromatny Mir, CuulCever) ou tout simplement les grandes chaînes de supermarchés (Auchan, Perekriostok, Miratorg, etc.).

2. Vérifiez qu’il y a un timbre d’accise sur la bouteille, comprenant un dessin holographique.

3. Vérifiez qu’il y a une date de production sur l’étiquette ainsi qu’une licence de production.

4. Effectuez un contrôle visuel supplémentaire, largement pratiqué en Russie : vous prenez la bouteille et la secouez suivant des mouvements circulaires. Si la vodka n’est pas une contrefaçon, vous verrez apparaitre un tourbillon de petites bulles. Les Russes font particulièrement confiance à cette méthode.

5. S’il y a dans la bouteille des sédiments, des impuretés, une couleur trouble - c’est un signe clair de vodka artisanale.

Nous espérons que ce guide de la vodka russe vous aura été utile et vous aidera de manière concrète.