Monastères de Moscou
Outre le célèbre monastère de Novodiévitchi, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, Moscou regorge de monastères uniques, souvent en plein centre-ville (Novodiévitchi est même, d’ailleurs, l’un des plus excentrés). Gardiens d’une culture presque inchangée depuis le Moyen-Âge, ils font partie des éléments architecturaux les plus anciens de Moscou, les moins touchés par les démolitions et reconstructions successives qui marquent l’histoire de la capitale russe. Certains d’entre eux sont toujours actifs (Vyssoko-Petrovski, Donskoï, Danilovski, Novospassky, couvent Marfo-Mariinskaïa), certains ne le sont plus mais conservent leur importance culturelle et historique (Andronnnikov, Bogoyavlenski). En règle générale, les voyageurs ne visitent que le monastère Novodiévitchi, car c’est celui que recommandent les guides touristiques. Mais nous sommes ici pour composer un programme qui nous permette d’aller plus loin… et heureusement, il y a de quoi faire ! Le couvent Marfo-Mariinskaïa et son architecture moderne absolument unique, l’exceptionnel monastère Vyssoko-Petrovski situé à à peine 1500 mètres du Kremlin, le monde si particulier des Vieux-Croyants concentré dans leurs deux communautés moscovites des monastère Rogojskoï et Preobrajenskoï.
Visiter un monastère moscovite, ce n’est pas seulement une occasion de découvrir la vie des saints orthodoxes et l’architecture des églises : lors de nos visites, nous vous parlerons de la vie quotidienne, prendrons le thé dans le réfectoire avec les moines et discutons avec des restaurateurs ayant travaillé sur ces églises. Vous trouverez ci-dessous quelques-uns des plus importants monastères de Moscou.
Le couvent de Novodievitchi
Le plus célèbre monastère de Moscou, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO et figurant dans tous les guides. C'est sans doute le lieu le plus populaire après le Kremlin et le métro. Cependant, nous nous efforçons à éviter les clichés – le monastère regorge de coins cachés au tourisme en groupes.
Le couvent garde son aspect original car il évita les destructions qui frappèrent de nombreux couvents et monastères détruits à l'époque soviétique. Ce couvent servait de prison aux femmes issues de la famille du tsar: c'est ici que Pierre le Grand enferma sa sœur Sophia suite au coup d'Etat; ici séjournaient les tsarines et les princesses en exil ou en veuvage.
Le couvent est un ensemble architectural comprenant la Cathédrale Notre-Dame de Smolensk construit d'après la cathédrale de la Dormition au Kremlin en 1524-25.
Le cimetière de Novodievitchi où reposent de nombreuses célébrités russes se trouve également ici (Tchekov, Chostakovitch, Eltsine, Khrouchtchev et les autres): une visite du cimetière est une découverte passionnante.
Monastère Vyssoko-Petrovsky (Saint-Pierre-le-Haut)
La renaissance de ce monastère unique a commencé à l’issue de la période soviétique. Il se trouve à 10 minutes à pied du Kremlin et frappe par son architecture et par ses chefs d’œuvre, cachés aux yeux du public pendant des décennies.
Monastère Vyssoko-Petrovsky (Saint-Pierre-le-Haut) – fondé au XIVe siècle, il est nommé ainsi en l'honneur du métropolite de Kiev et de toute la Russie Pierre, qui transféra sa chaire de Vladimir à Moscou. L'église Saint-Pierre est particulièrement intéressante grâce à sa construction inhabituelle en forme de trèfle à huit feuilles, elle fut bâtie par le maître italien Aleviz en charge de la réalisation des murs et des églises du Kremlin au début du XVIe siècle. C'est une église aux formes complètement atypiques.
À l'époque soviétique, le monastère a été fermé. L'église servait d'entrepôt. Plus récemment, il y a eu de longs travaux de restauration et le monastère a retrouvé son aspect d'origine.
Par ailleurs, ici vous pouvez voir la tombe de la famille Narychkine dont est issue la mère de Pierre le Grand.
Monastère Donskoï
Comme de nombreux autres monastères, il fut transformé (en prison) à l’époque soviétique. Il est également le premier crématorium de la Russie soviétique. C’est ici que repose Soljenitsyne.
Monastère Donskoï – fondé vers la fin du XVI siècle par le fils d’Ivan Grozny, Fédor, lorsque l'incursion des Tatars de Crimée fut repoussée.
Durant l'époque soviétique, le monastère est fermé puis abrite une colonie de travail pour enfants, puis un musée antireligieux, ensuite il accueille des éléments de monastères démolis, notamment les hauts-reliefs de la Cathédrale du Christ Sauveur, dynamitée en 1931, conservés ici à ce jour.
Le cimetière du monastère est particulièrement pittoresque. Le célèbre écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, auteur de l'Archipel du Goulag, retenu à la maison d'arrêt du monastère dans les années 40, repose ici.
Monastère Novospassky
Monastère Novospassky – fondé en 1490 par le Grand Prince Ivan III. Il accueille le sanctuaire familial des Romanov, la deuxième dynastie russe. Les peintures de la Cathédrale de la Transformation sont particulièrement intéressantes- elles reproduisent l'arbre généalogique de la première dynastie régnante des Rurik. Tous les souverains, du Grand Prince Vladimir qui baptisa toute la Russie et jusqu'au dernier fils d'Ivan le Terrible, le prince Daniel, sont représentés de plein pied avec une auréole au-dessus de la tête. En tant que symbole de la monarchie, à l'époque soviétique le monastère fut transformé en prison.
Couvent de Saint-Jean le précurseur
Couvent de Saint-Jean le précurseur – le couvent est probablement fondé à l'occasion de la naissance d'Ivan le Terrible dont Saint-Jean le précurseur était le saint parton. Le couvent recèle de légendes des prisonnières célèbres: par exemple, la tueuse en série, la noble Daria Saltykova qui tortura à mort des dizaines de ses serfs et fut condamnée à l'emprisonnement à vie par Catherine II; la fille illégitime de l'impératrice Élisabeth I, connue sous le nom Augusta Tarakanova, etc. La cathédrale principale du monastère, construite au XIXe siècle, ressemble à la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence.
Monastère Danilov
Monastère Danilov – c'est le plus ancien monastère, fondé au XIIIe siècle par le premier prince de Moscou, Daniel, fils du célèbre Alexandre Nevski. C’est également l’un des monastères-forteresses de la ceinture défensive autour de Moscou. Durant l'époque soviétique il n'échappa pas au sort de la plupart des monastères russes- en 1929 il fut fermé et transformé en maison d'arrêt du NKVD pour les enfants des prisonniers politiques. Le clocher du monastère ne survécut pas au temps des troubles, mais les cloches furent sauvées de la refonte par l’industriel et diplomate américain Charles Crane- elles étaient conservées à l'université de Harvard jusqu'en 2007.