"Dernière adresse connue", projet spécial de Moscou
Elles indiquent le nom de la personne, sa date de naissance et le jour où elle était arrêtée et forcée de quitter son domicile. Selon diverses estimations, entre 3,5 et 5,5 millions de personnes furent frappées de sanction par le gouvernement soviétique dans les années 20-40 du XXème siècle. Tous ces prisonniers furent fusillés ou sont morts en détention (par exemple, dans les camps de concentration du Goulag).
Moscou est habitué aux plaques commémoratives portant les noms de citoyens d’honneur : écrivains, poètes, artistes, chanteurs, musiciens et savants. Mais le degré d’honneur est souvent déterminé par l’époque, c’est pourquoi à Moscou, on peut voir des plaques commémoratives portant les noms des membres de la nomenclature inconnus fidèles au régime soviétique. Par exemple, la célèbre Maison sur le quai à Moscou, résidence de l’élite politique et sociale de l’époque, est recouverte de plus de 30 plaques commémoratives. Tristement célèbre, la Maison vit les 2/3 de ses habitants tomber victimes des répressions et arrestations politiques, comme ce fut le cas du maréchal Toukhatchevski ou du rédacteur du journal « Pravda» Boukharine. Pourtant, la Maison sur le quai ne porte toujours pas de plaques avec leurs noms.
Souvent, ce sont des plaques en marbre, avec de riches décorations et des lettres dorées. Les plaques commémoratives du projet «Dernière adresse connue » sont simples et laconiques. Ce projet est véritablement unique et insolite pour la Russie, car deux points de vue différents subsistent quant à la terreur de l’époque soviétique. Les uns soutiennent la reconnaissance de cet épisode tragique de notre histoire, les autres s’y opposent, car pour eux, cette reconnaissance peut discréditer l’image de la Russie puissante d’aujourd’hui. Pour ces derniers, les plaques commémoratives du projet « Dernière adresse connue » sont mal vues, car elles sont un rappel visuel de notre passé.
Le projet «Dernière adresse connue » est une initiative sociale financée par des dons bénévoles. Son slogan est «Un prénom, une vie, un signe ».
Pour plus d’information, consultez le site du projet et, lors de vos ballades dans le centre de Moscou, prêtez attention aux dernières adresses des victimes innocentes de notre histoire.