Une journée d'une ballerine de Saint-Pétersbourg
Dans notre nouvelle vidéo nous rencontrons Rita - une ballerine de la trouppe du Ballet Russe d'Anna Pavlova à Saint-Pétersbourg. Elle est en même temps étudiante de l'Académie de Vaganova, la grande école du ballet à Saint-Pétersbourg.
Dans la vidéo vous découvrez avec nous sa journée ordinaire: une classe au matin, une répétition et enfin le spectacle Casse-Noisette le soir, le premier spectacle après la pandémie qui a eu lieu. Nous avons également pris le temps pour discuter avec Rita du quotidien d'une danseuse de ballet en Russie: comment fait-on sa carrière aujourd'hui, quelle est l'attutide à ce métier, est-ce qu'il y a le choix entre les enfants et la carrière de ballerine, et enfin quelle école de ballet est meilleure - de Moscou ou de Pétersbourg.
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Pour ceux qui préfèrent la lecture la transcription de la vidéo est ci-dessous:
Bonjour,
Aujourd'hui nous allons parler du ballet russe. Au même titre que la conquête de l'espace, les ballets sont devenus quasiment un symbole de notre pays à l'époque soviétique. Notamment le théâtre Bolchoï de Moscou.
Mais pour le ballet russe son berceau ce n'est pas Moscou mais Saint-Pétersbourg où nous sommes maintenant.
Rita est une ballerine de la troupe de ballet d’Anna Pavlova. Elle a 27 ans. Elle a consacré 22 années de sa vie au ballet. Nous parlerons avec elle du parcours des ballerines en Russie, puis nous nous rendrons dans une classe, suivrons des répétitions et pénétrerons dans les coulisses du spectacle Le Casse-Noisette. C'est le premier à être répété après près d'un an de quarantaine.
Je veux vous montrer une journée ordinaire dans la vie d'une ballerine. Pas celle d'une étoile du Théâtre Bolchoï ou Mariinski. Il ne s'agit pas non plus de la chronique people d'un journal ou d'un film glamour pour les touristes, mais de la vraie vie.
Sur le parcours de ballerine en Russie
Rita: A quatre ans, ma mère m'a inscrite à un cours de danse. Depuis que j'ai cinq ans, je fais du ballet. Puis je suis entrée dans notre principale école, le cours Vaganova. C'est comme ça, vers 18 ans, si tu n'as pas renoncé ou été brisée, que tu deviens ballerine. Les classes de ballet se déroulent chaque matin. C'est le principal moyen pour les danseurs de maintenir leur niveau.
Rita: Cela fait sept ans que je danse dans le ballet d'Anna Pavlova. J'aime beaucoup cette troupe. En premier lieu parce que nous faisons beaucoup de tournées : j'ai déjà été dans trente-trois pays. Sur ce point, c'est mieux que le théâtre Mariinski, qui reste beaucoup à Saint-Pétersbourg.
Les clichés sur les ballerines en Russie: diète, grand écart, Mariinski
Dimitri: Etre ballerine est encore considéré comme une profession étrange, ou bien est-ce aujourd'hui devenu normal ?
Rita: Jusqu'à aujourd'hui, lorsque mes interlocuteurs apprennent que je suis ballerine, ils sont enthousiasmés. Cela fait son effet.
Puis viennent les questions usuelles.
Dimitri: Ah oui, concernant les clichés : que te demande-t-on ?
Rita: On me demande bien sûr si je peux faire le grand écart. C'est très drôle ! Chaque ballerine est capable de le faire. On me demande aussi si je fais un régime très sévère et si je ne peux rien manger.
Dimitri: Alors, comment tu « maintiens ta ligne » ?
Rita: Je mange presque ce que je veux quand je veux. J'ai de la chance, ma constitution fait que je ne grossis pas. Et la troisième question concerne toujours le théâtre Mariinski : est-ce que c'est là que je danse ?
Dimitri: Cela reflète vraiment ce que les gens pensent des ballerines…
Et les enfants: la ballerine doit-elle choisir entre les enfants et la carrière ?
Dimitri: une autre question fréquente, j'imagine, concerne les enfants. Avoir un enfant, cela signifie arrêter d'être ballerine ?
Rita: en ce qui concerne la famille, c'est vrai que le congé maternité fait vraiment peur.
Les filles qui ont eu des enfants racontent les difficultés pour revenir ensuite au travail. C'est parfois presque impossible.
Dimitri: qu'en penses-tu de ton côté ?
Rita: pour l'instant, ma priorité est ma carrièreQuand se posera la question de la maternité et de la famille, je me marierai, je voudrai des enfants. Je réglerai cette question à ce moment-là. . Au 21ème siècle, on peut trouver un moyen de garde pour un enfant.
Rita vit avec ses parents à Tsarskoe Selo. C'est à 30 km de Saint-Pétersbourg. Chaque jour, elle se rend en ville aux répétitions ou aux cours de l'école Vaganova. Actuellement, elle suit une formation pour devenir enseignante. Ce sera sa profession après sa carrière sur scène. Pour une ballerine, cela se produit à 40 ans.
Concurrence des ballets de Moscou et de Saint-Pétersbourg
Dimitri: en Russie, il y a une concurrence traditionnelle entre les écoles de ballet de Moscou et de Saint-Pétersbourg. En quoi sont-elles différentes ?
Rita: à Saint-Pétersbourg, par exemple, il n'y a que trois positions des bras, contre sept à Moscou.
Dimitri: la différence est donc purement technique ?
Rita: non, bien entendu. C'est difficile à expliquer, il s'agit aussi de l'interprétation. A Moscou, on insiste sur le contact avec le spectateur, avec la salle. Ici à Saint-Pétersbourg, on parle plutôt de vivre son rôle sur la scène.
Dimitri: Dans le monde, lorsque l'on parle de « ballet russe », on pense souvent plus au Bolchoï et donc à Moscou. Vous ne pensez pas que c'est injuste ?
Rita: tous ceux qui s'intéressent un tant soit peu à la question savent qu'en Russie, le ballet est né ici, à Saint-Pétersbourg. C'est ici qu'est venu Jean-Baptiste Landé sous le règne d'Anna Ivanovna et qu'il a fondé la première école de ballet, au début du XVIIIème siècle. C'est ici qu'est né le tandem Tchaïkovski-Petipas. Le ballet russe est devenu célèbre de par le monde grâce à Anna Pavlova, une ballerine d'ici, qui dansait dans les « saisons russes » de Diaghilev.
Sur les spectateurs de ballet
Rita: Chacun cherche dans les ballets quelque chose qui lui est propre. Certains veulent voir les 32 fouettés. Ils se rendent au spectacle, s'assoient dans la salle et comptent. Un, deux, trois, etc.
D'autres souhaitent que le danseur vive son rôle sur la scène, qu'il ressente son personnage.
Les 32 fouettés sont le symbole du ballet classique.
Le premier spectacle de la troupe après la pandémie est le Casse-Noisette.
Rita: vous ne vous imaginez pas à quel point ça m'a manqué pendant la pandémie. Les applaudissements, les spectateurs, et même les fleurs de la part de mes élèves.
L'hiver, les fleuves et les canaux de Saint-Pétersbourg gèlent. On peut tout simplement marcher dessus. Rita dit qu'elle n'aimerait pas travailler au Bolchoï. Elle n'imagine la vie qu'à Saint-Pétersbourg.
En conclusion
Dimitri: Que signifie être une ballerine en Russie aujourd'hui ? C'est juste une profession comme les autres ou cela signifie comme auparavant quelque chose de plus ?
Rita: Pour moi, ça a toujours été un rêve, même si en réalité c'est un travail quotidien difficile. Mais j'ai besoin des spectateurs, des applaudissements et de la scène. J'y suis habituée.