Kosmos 24: le retour de la légende
En visitant les marchés aux puces de Moscou, on peut parfois dégoter, au milieu du « Sovok », ces antiquités soviétiques prisées des visiteurs, de vieilles montres dites « polaires ». Ces montres au cadran affichant 24h étaient produites à l’époque soviétique pour les cosmonautes et les explorateurs polaires : privés du cycle du jour et de la nuit, les montres classiques ne leur permettaient plus de garder la notion du temps.
Les tout premiers exemplaires de ces montres 24h soviétiques remontent à la conquête de l'Antarctique des années 1950, avec une expédition maritime couplée à la construction des stations Mirny et Vostok (1955-1957). Sur ces rarissimes exemplaires dénommés Antarktida, dotés d'un revêtement antimagnétique et produits exclusivement en 1957, figuraient un navire, le "Lena" qui avait pris part à l'expédition.
Avec l'arrivée d'un nouveau mécanisme 24h créé par la célèbre usine « Raketa » en 1969 et suite à une commande d’État, une production limitée de ces montres commence en 1971. Il faut dire qu'à ce moment-là les explorations polaires prennent de l'ampleur avec par exemple 566 personnes mobilisées pour la seule 16e expédition antarctique soviétique. On note également le lancement de plusieurs brise-glaces atomiques comptant des centaines d'hommes à bord. Le premier d'entre eux, l'Arktika, atteint le pôle Nord en 1977. Ce n'est toutefois qu'au cours des années 1980 que les montres polaires apparaissent en magasin et dans le catalogue officiel de la marque Raketa.
Avec l'allongement progressif de la durée des missions spatiales soviétiques, les cosmonautes ont à leur tour été dotés de montres 24h. Des montres spéciales sont créées pour le programme spatial, sous la marque « NII », abréviation « d’Institut Scientifique et Technique », et portées pour la première fois lors de la mission « Voskhod 2 » par le cosmonaute Pavel Beliaiev, qui devint le tout premier « piéton de l’espace ».
Les chiffres de production de ces montres 24h ne sont pas disponibles, mais ils n'ont jamais représenté qu'une infime partie de la production horlogère soviétique. En revanche la forte demande pour ces modèles historiques après la chute de l'URSS a conduit à un certain essor d'un marché gris constitué de montres polaires bricolées, assemblées à partir de pièces de récupération, ou de reproductions de faible qualité. Aujourd'hui encore celles qui sont vendues aux touristes dans les marchés aux puces de Moscou ou sur Internet sont la plupart du temps dans un état de fonctionnement incertain.
Soixante ans après l'expédition du Lena, une jeune entreprise franco-russe, Kosmos 24 s'est donné pour objectif de recréer ces montres légendaires très prisées par les collectionneurs ou les simples amateurs de belles montres. Kosmos 24 a fait le pari de proposer un style moderne, fruit du travail d'une jeune designer moscovite. Mais l'esprit originel est toujours là, puisque outre le cadran 24h, les cadrans rendent hommage aux expéditions polaires, à la conquête spatiale et aux artistes avant-gardistes des années 1920.
Trouvez plus d'info sur le site du projet: www.kosmos-24.com