- 1. Le gratte-ciel de Kotelniki: quelques chiffres
- 2. Décoration extérieure du gratte-ciel sur le quai Kotelnitcheskaïa
- 3. Qui vivait dans le gratte-ciel de Kotelniki ?
- 4. Le concept de « l’immeuble-ville »
- 5. La construction du gratte-ciel sur le quai Kotelnitcheskaïa
- 6. Le quartier derrière l'immeuble de Kotelniki
- 7. L’intérieur de l'immeuble sur le quai Kotelnitcheskaïa
- 8. Qui y habite aujourd’hui ?
- 9. Le rôle de gratte-ciel staliniens dans l'ensemble de Moscou
- 10. La visite du gratte-ciel stalinien à l'intérieur (en vidéo)
L'immeuble d'habitation sur le quai Kotelnitcheskaïa
Parmi les sept gratte-ciels staliniens de Moscou il n'y a que deux immeubles d'habitation, dont le plus connu est celui sur le quai Kotelnitcheskaïa. C'est le gratte-ciel stalinien le plus proche du Kremlin et de la Place Rouge.
Sur cette page vous trouverez les informations sur l'histoire, l'architecture et les légendes de cet immeuble ainsi que la vidéo de notre chaîne youtube qui vous permettra de visiter ce gratte-ciel stalinien à l'intérieur et découvrir une vue sublime de Moscou. Pour vous abonner à notre chaîne youtube cliquez ici.
Le gratte-ciel de Kotelniki: quelques chiffres
Le bâtiment est composé d’une tour centrale de 32 étages, haute de 176 mètres en comptant la pointe, et de deux ailes de dix étages.
Il abrite 540 appartements ; la plupart sont des deux-pièces mais les plus grands en ont jusqu’à quatre. L’immeuble est situé au confluent de deux rivières, la Moskova et la Yaouza, un emplacement magnifique, et qui le fait un peu ressembler à une forteresse avec ses douves.
Il est construit en style art-déco stalinien, la déclinaison soviétique du style art-déco, à ne pas confondre avec le style empirial stalinien qu’on lui attribue souvent à tort, et plein de symboles d’abondance et de joie de vivre.
Décoration extérieure du gratte-ciel sur le quai Kotelnitcheskaïa
Si la silhouette de tous les gratte-ciels staliniens est similaire, leur décoration est toujours différente. Celui de Kotelniki se distingue par un grand nombre d’ornementations et de tourelles décoratives. On y trouve aussi beaucoup de bas-reliefs représentant en général la vie heureuse des citoyens soviétiques, des cornes d’abondance pleines de fruits et de céréales, et des statues dans le même thème. Évidemment, on y voit aussi beaucoup la faucille et le marteau, symboles de l’URSS. Sur chaque aile du bâtiment, il y a un couple de statues, un homme et une femme qui tiennent un parchemin avec une représentation : une tour du Kremlin, l’écusson de l’URSS ou bien le bâtiment du Mossoviet.
Tout au sommet de la pointe, il y a une étoile contenant l’écusson de l’URSS. On accède à la cour intérieure par des doubles arches hautes de plusieurs étages, avec de très beaux caissons.
Qui vivait dans le gratte-ciel de Kotelniki ?
À l’époque soviétique, il n’était pas possible d’acheter un appartement. On ne pouvait que s’en faire attribuer un. Et c’était le cas aussi dans cet immeuble, mais ces appartements n’étaient pas attribués au commun des mortels, ils étaient réservé aux privilégiés. L’immeuble est d’ailleurs recouvert de plaques mémorielles, en souvenir de ses plus célèbres habitants : acteurs, chanteurs, réalisateurs… les plus célèbres de leur époque. Parmi ceux qui pourront dire quelque chose à des voyageurs français, il y a la danseuse du Bolchoï Galina Oulanova, dont l’appartement accueille aujourd’hui un petit musée.
L’autre aile du bâtiment abritait d’autres privilégiés, mais nous ne connaîtrons jamais leurs noms : c’étaient les employés du NKVD, l’ancêtre du KGB.
Le concept de « l’immeuble-ville »
Dans l’idée de ces concepteurs, c’était plus qu’un immeuble d’habitation : c’était un « complexe de vie », avec tout un tas de services à la disposition des habitants : plusieurs magasins, une boulangerie, une laverie, un parking souterrain (ce qui était complètement inimaginable à l’époque, quand il y avait encore très peu de voitures), et même un cinéma, qui, d’ailleurs, fonctionne encore de nos jours.
Tout était fait pour le confort des habitants, extérieurement comme intérieurement. L’immeuble était équipé du chauffage central, de l’eau courante et du tout-à-l’égout, ce qui était encore rare dans la Moscou des années 1950. Il y avait même un système de climatisation et de filtration de l’air, ce qui était carrément une merveille pour l’époque. Bref, ce n’est déjà plus un immeuble communautaire dans le style des années 1920, avec son idéologie communiste, sa cafétéria et sa laverie collective et l’absence de cuisine individuelle. On est passé à un nouveau concept, qui est d’ailleurs toujours très populaire à Moscou aujourd’hui, celui des « complexes de vie » qui offrent une série de services en plus des appartements.
La construction du gratte-ciel sur le quai Kotelnitcheskaïa
La construction de tous les gratte-ciels staliniens a commencé en même temps, le 7 septembre 1947 : huit gratte-ciels, pour célébrer les 800 ans de Moscou.
Pour le gratte-ciel de Kotelniki, une partie du bâtiment existait déjà. Cette aile qui se trouve sur le quai de la Moskova était simplement un immeuble séparé, sur le quai, qui datait des années 1938-1940, et dans lequel vivaient les employés du NKVD. Quand le gratte-ciel a été construit, on a décidé d’y incorporer cet immeuble et d’en faire une aile. Le bâtiment s’est donc retrouvé intégré au projet : on y a ajouté, au passage, des décorations pour le faire correspondre au style de l’époque, celui de l’après-guerre, beaucoup plus pompeux. La construction a été achevée en 1952. De nombreux prisonniers du goulag y ont participé : ça se faisait beaucoup à l’époque. Il y a même des légendes qui racontent que certains prisonniers s’évadaient en sautant du bâtiment avec des ailes qu’il s’étaient bricolées eux-mêmes...
Le quartier derrière l'immeuble de Kotelniki
C’est le quartier de « Vchivaïa gorka », la « colline aux poux », l’un des points culminants du paysage moscovite. Autrefois, on y avait une vue imprenable sur tout Moscou, mais aujourd’hui la colline a disparu derrière le gratte-ciel. Ceci dit, si vous vous promenez à pied dans le quartier, vous vous rendrez vite compte qu’il est plein de côtes et de descentes. Autrefois, c’était le quartier des potiers et des forgerons (d’ailleurs « kotelniki » signifie en russe « les chaudronniers »). On y trouvait aussi beaucoup d’églises. Une partie d’entre elles a même survécu, par miracle, à l’époque soviétique, et crée aujourd’hui ce genre de paysage, très contrasté, typique de Moscou. Par exemple, le monastère Afonski, dans la cour d’un immeuble stalinien. Il reste encore dans ce quartier beaucoup de petits immeubles d’un ou deux étages, qui vivent dans l’ombre du gratte-ciel, comme s’il les protégeait du reste de la ville. C’est un quartier empli d’histoire, et qui est pourtant très mal connu, même par les Moscovites.
L’intérieur de l'immeuble sur le quai Kotelnitcheskaïa
L’intérieur est naturellement très riche, en particulier dans les parties communes, les halls d’entrée, les cages d’escaliers, les paliers, les magasins. On y trouve beaucoup de marbre et de granit, des portes en chêne massif, des colonnades, des lustres en cristal dans le grand hall.
Dans les halls d’entrée, on trouve des fresques au plafond.
Si aujourd’hui l’intérieur de ces appartements a l’air assez modeste, il faut le replacer dans le contexte de son époque. Pour les années 1950, le simple fait d’avoir de l’eau chaude et le chauffage central en hiver représentait un vrai luxe. Tous les sols étaient faits en parquet de chêne, et on trouvait dans les appartements un « escalier noir » : c’est comme ça qu’on appelle en russe l’entrée de service.
Mais le plus grand atout de ces appartements, c’est la vue incroyable qu’ils offrent sur Moscou. On y voit tout le centre-ville : le Kremlin, Moscow-City, le confluent de la Moskova et de la Yaouza, le quartier de Zamoskvorétchié sur la gauche.
Et on profite des superbes couchers de soleil de Moscou. On comprend mieux pourquoi les gens aiment vivre ici, et s’efforcent toujours d’y trouver un logement.
Mais si on juge les appartements des gratte-ciels staliniens selon les critères modernes, c’est sûr qu’ils ont beaucoup vieilli et qu’ils ont besoin d’une bonne restauration.
Qui y habite aujourd’hui ?
Les descendants de ceux à qui, autrefois, on y a attribué un logement, et pas mal de membres des « élites » russes contemporaines. Ce n’est plus un endroit aussi exclusif qu’autrefois, on peut tout à fait s’y loger (il faut compter environ mille euros par mois pour un petit appartement). Mais son côté légendaire continue d’attirer les gens. Pour beaucoup, vivre ici, c’est un rêve de gosse qui se réalise.
Le rôle de gratte-ciel staliniens dans l'ensemble de Moscou
Les silhouettes élancées des sept gratte-ciels staliniens font partie intégrante de l’horizon de Moscou. Après la destruction d’une grande partie des églises de la capitale russe dans les années 1920-1930, la ville avait besoin de nouveaux points culminants. L’immense Palais des Soviets, prévu à l’emplacement de la cathédrale du Christ-Sauveur n’a jamais été construit. Mais les « sept sœurs » staliniennes l’ont été, et encore aujourd’hui elles font partie du paysage de Moscou au même titre que les tours du Kremlin.
Le soir, l’immeuble est illuminé. Le résultat est superbe, on le voit du Kremlin à Kotelniki. C’est ça, Moscou de nuit : un spectacle dans lequel les gratte-ciels staliniens jouent un rôle central. Ils unifient tous les bâtiments pour un faire un ensemble cohérent.
La visite du gratte-ciel stalinien à l'intérieur (en vidéo)
Cette vidéo est filmée dans l'immeuble sur le quai Kotelnitcheskaïa:
Bonne découverte et merci de vos commentaires et avis!